LA LEPROSERIE DE VAUDREVILLE : L’ŒUVRE SOCIALE DU PRIEURE SAINTE FOY DE LONGUEVILLE-SUR-SCIE
Depuis la basse antiquité jusqu’à l’époque moderne, la lèpre suscite dès son apparition la mise en place de mesure visant à la contrôler. La principale des décisions est de séparer les lépreux de la société afin de limiter les contaminations et donc d’essayer d’endiguer cette maladie. La lèpre fait son apparition en Normandie durant la seconde moitié du XI° siècle pour atteindre son apogée au cours du XII° et XIII° siècle. Face aux flots incessants de contagions, les religieux décident d’appliquer les méthodes de préventions identiques à celles employées cinq siècles auparavant. Ainsi au cours de ces sicles un nombre important de maladreries sont érigées en Normandie. La léproserie se place dans ce contexte.
La première mention de l’hôpital de Longueville se situe dans son acte de fondation. En effet, Gauthier GIFFARD III et sa femme Hermengarde font don à la maladrerie de plusieurs biens. Mort en 1164, le seigneur de Longueville-sur-scie a fait de son vivant cette donation. De ce fait, le terminus ante quem de la fondation de l’hôpital ne peut être postérieur à la date de 1164. Quant au terminus post quem, ce dernier nous est défini par la confirmation générale des biens du prieuré de Longueville par Henri II Plantagenêt. Ce dernier, en date de 1155, ne fait aucune mention de la léproserie. Or, dès son édification, l’hôpital est mis sous la protection du prieuré « Sanctae fidi de longavilla hospitale pauperum … ». ainsi on peut dater la datation de la léproserie de Longueville-sur-scie entre 1156 et 1164.
Sa localisation est tout aussi problématique que sa datation. Le pape Alexandre III, dans sa confirmation des biens en 1178, cite l’hôpital et son église attenante dans le hameau de Vaudreville « … Hospitale et ecclesiam de Waldrevilla … ». Mais par commodité et usage, ce hameau est rattaché à Longueville-sur-scie. Ainsi l’ « Hospitale pauperum infra longavillam… » dans la confirmation de Rotrou n’est autre que l’édifice de Vaudreville cité par le Saint Siège l’année précédente. Le cadastre napoléonien permet de situer assez précisément l’édifice grâce à des vestiges d’aménagements hydrauliques en aval de la rive droite de Longueville nécessaire au moulin de la léproserie.
Deux bâtiments perpendiculaires, complétés par une masure, servent de résidences aux pauvres. Ces habitats sont bordés par un jardin à l’est et une cour à l’ouest. Au centre de la cour prend place un colombier tandis qu’à la périphérie de se trouvent des granges, une étable, un poulailler et une maison destinée au fermier. L’hôpital possédait une masure plantée de sept vergers d’arbres fruitiers. De plus, il est fait état dès le milieu du XII° siècle de l’existence d’une église à Vaudreville « … Ecclesiam de Waldrevilla, cum pertimentiis suis … ». Cette dernière fut rattachée à la léproserie par le don d’Eusatche de Grainville. Initialement consacrée à saint Eloi, l’église de Vaudreville, après l’incendie de 1247, est reconstruite et placée sous le vocable de Marie Madeleine, sainte des lépreux.
La négligence des soins prodigués aux malades et le détournements des rentes au profits des moines noirs éloigne peu à peu l’hôpital de sa mission originel. Dès 1519, la léproserie cesse son activité, l’ensemble des fonctions est transféré à l’hôpital de Dieppe. L’église Marie Madeleine continue d’être desservie par un moine clunisien jusqu’en 1694. Le décret du 22 décembre 1694, décide du retrait des moines de l’église.